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Histoire philosophique
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Beaucoup de bons eſprits étoient guéris des ſuperſtitions Romaines. Ils étoient bleſſés de l’abus que les papes faiſoient de leur autorité ; des tributs qu’ils levoient ſur les peuples ; de la vente des expiations, & ſur-tout de ces ſubtiles abſurdités, dont ils avoient chargé la religion ſimple de Jéſus-Chriſt.

Mais ce ne furent pas ces bons eſprits qui commencèrent la révolution. Un moine turbulent eut cet honneur. Son éloquence barbare ſouleva les nations du Nord. Quelques hommes éclairés aidèrent à détromper les autres peuples. Parmi les princes de l’Europe, les uns adoptèrent la religion des réformateurs ; d’autres ſe tinrent unis à Rome. Les premiers, entraînèrent aſſez aisément leurs ſujets dans leurs opinions ; les autres eurent de la peine à empêcher les leurs d’embraſſer les opinions nouvelles. Ils employèrent pluſieurs moyens ; mais trop ſouvent ceux de la rigueur. On vit renaître l’eſprit de fanatiſme, qui avoit détruit les Saxons, les Albigeois, les Huſſites. On releva les gibets, on ralluma les bûchers, pour y envoyer les novateurs. Aucun ſouverain ne fit plus d’uſage de ces moyens que Philippe II. Son deſpotiſme s’étendoit