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des deux Indes.
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Les villes anséatiques, & quelques villes d’Italie, étoient en poſſeſſion de ces tranſports : les Hollandois, en concurrence avec elles, eurent bientôt l’avantage ; ils le durent à leur frugalité. Leurs flottes militaires protégeoient leurs flottes marchandes. Leurs négocians prirent de l’ambition, & aſpirèrent à étendre de plus en plus leur commerce. Ils s’étoient emparés de celui de Liſbonne, où ils achetoient les marchandiſes des Indes pour les revendre dans toute l’Europe.

Philippe II, devenu le maître du Portugal, défendit, en 1594, à ſes nouveaux ſujets, toute relation avec ſes ennemis. Ce deſpote ne prévoyoit pas, qu’une interdiction qu’il croyoit devoir affoiblir les Hollandois, les rendroit, en effet, plus redoutables. Si ces ſages navigateurs n’avoient pas été exclus d’un port d’où dépendoit tout le ſuccès de leurs opérations navales, on peut penſer que, contens de couvrir de leurs vaiſſeaux les mers d’Europe, ils n’auroient pas ſongé à porter leur pavillon dans des mers plus éloignées. L’impoſſibilité de maintenir leur commerce ſans les productions de l’Orient, les força à ſortir d’une ſphère, peut-être trop étroite