Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/350

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
328

qu’ils avoient prêté leur artillerie contre les chrétiens ; qu’on les voyoit en guerre avec la nation proſcrite ; que l’opinion de leurs forces n’étoit pas établie ; qu’ils paroiſſoient réſervés, ſouples, modeſtes, uniquement occupés de leur commerce, on les toléra, mais en les gênant beaucoup. Trois ans après, ſoit que l’eſprit d’intrigue & de domination les eût ſaiſis ; ſoit, comme il eſt plus vraiſemblable, qu’aucune conduite ne pût prévenir la défiance Japonoiſe, ils furent dépouillés de la liberté & des privilèges dont ils jouiſſoient.

Depuis 1641, ils ſont relégués dans l’iſle artificielle de Décima, élevée dans le port de Nangazaki, & qui communique par un pont à la ville. On déſarme leurs vaiſſeaux à meſure qu’ils arrivent ; & la poudre, les fuſils, les épées, l’artillerie, les voiles, le gouvernail même, ſont portés à terre. Dans cette eſpèce de priſon, ils ſont traités avec un mépris dont on n’a point d’idée ; & ils ne peuvent avoir de communication qu’avec les commiſſaires, charges de régler le prix & la quantité de leurs marchandiſes. Il n’eſt pas poſſible que la patience avec laquelle ils