Moluques, qu’on appelle avec raiſon les mines d’or de la compagnie, les Hollandois ont employé tous les moyens que pouvoit leur fournir une avarice éclairée. La nature eſt venue à leur ſecours.
Les tremblemens de terre qui ſont fréquent & terribles dans ces parages, en rendent la navigation périlleuſe. Ils font diſparoitre tous les ans des bancs de ſable dans ces mers ; tous les ans ils y en ferment de nouveaux. Ces révolutions, dont la politique exagère encore le nombre & les effets, doivent écarter le navigateur étranger qui manque des ſecours néceſſaires pour ſe bien conduire.
Ce premier moyen d’un commerce excluſif eſt fortifié par un autre peut-être encore plus efficace. Durant une grande partie de l’année, les vaiſſeaux, repouſſés par les vents & les courans contraires, ne peuvent aborder aux Moluques. Il faut donc attendre la mouſſon favorable qui ſuit ces tems orageux. Mais alors des gardes-côtes expérimentés & vigilans s’emparent de cet Océan devenu paiſible, pour écarter ou pour ſaiſir tons les bâtimens que l’appât du gain y auroit pu conduire.