après avoir épuisé leurs forces, par des tranſports qui tiennent de la frénéſie. Leur arme favorite, le crid, eſt d’un pied & demi de long. Il a la forme d’un poignard, dont la lame s’allonge en ſerpentant. On n’en porte qu’un à la guerre : mais les querelles particulières en exigent deux. Celui qu’on tient à la main gauche, ſert à parer le coup, & l’autre à frapper l’ennemi. La bleſſure qu’il fait eſt très-dangereuſe, & le duel ſe termine le plus ſouvent par la mort des deux combattans.
Une éducation auſtère rend les habitans de Célèbes ou les Macaſſarois agiles, induſtrieux, robuſtes. À toutes les heures du jour, leurs nourrices les frottent avec de l’huile ou de l’eau tiède. Ces onctions répétées, aident la nature à ſe développer avec liberté. On les sèvre un an après leur naiſſance, dans l’idée qu’ils auroient moins d’intelligence, s’ils continuoient d’être nourris plus long-tems du lait maternel. À l’âge de cinq ou ſix ans, les enfans mâles de quelque diſtinction, ſont mis, comme en dépôt, chez un parent ou chez un ami ; de peur que leur courage ne ſoit amolli par les careſſes de leurs mères, & par l’habitude d’une tendreſſe réciproque.