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des deux Indes.
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noires inquiétudes, la terreur & le déſeſpoir aſſis au chevet de leur lit de mort.

Les peuples de Célèbes ne reconnoiſſoient autrefois de dieux, que le ſoleil & la lune. On ne leur offroit des ſacrifices que dans les places publiques ; parce qu’on ne trouvoit pas de matière aſſez précieuſe pour leur élever des temples. Dans l’opinion de ces inſulaires, le ſoleil & la lune étoient éternels, comme le ciel dont ils ſe partageoient l’empire. L’ambition les brouilla. La lune, fuyant devant le ſoleil, ſe bleffa, & accoucha de la terre ; elle étoit groſſe de pluſieurs autres mondes, qu’elle mettra ſucceſſivement au jour, mais ſans violence ; pour réparer la ruine de ceux que le feu de ſon vainqueur doit conſumer.

Ces abſurdités étoient généralement reçues à Célèbes ; mais elles n’avoient pas dans l’eſprit des grands & du peuple, la conſiſtance que les dogmes religieux ont chez les autres nations. Il y a environ deux ſiècles que quelques chrétiens & quelques mahométans y ayant apporté leurs idées ; le principal roi du pays ſe dégoûta entièrement du culte national. Frappé de l’avenir terrible, dont les deux nouvelles religions le menaçoient également,