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Histoire philosophique
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il convoqua une aſſemblée générale. Au jour indiqué, il monta ſur un endroit élevé ; & là, tendant les mains vers le ciel, & ſe tenant debout, il adreſſa cette prière à l’Être ſuprême.

« Grand Dieu, je ne me proſterne point à tes pieds, en ce moment, parce que je n’implore point la clémence. Je n’ai à te demander qu’une choſe juſte ; & tu me la dois. Deux nations étrangères, opposées dans leur culte, ſont venues porter la terreur dans mon âme, & dans celle de mes ſujets. Elles m’aſſurent que tu me puniras à jamais, ſi je n’obéis à tes loix. J’ai donc le droit d’exiger de toi, que tu me les faſſes connoître. Je ne demande point que tu me révèles les myſtères impénétrables qui enveloppent ton être, & qui me ſont inutiles. Je ſuis venu pour t’interroger avec mon peuple, ſur les devoirs que tu veux nous impoſer. Parle, ô mon Dieu ! puiſque tu es l’auteur de la nature, tu connois le fond de nos cœurs, & tu ſais qu’il leur eſt impoſſible de concevoir un projet de déſobéiſſance. Mais ſi tu dédaignes de te faire entendre à des mortels ; ſi tu trouves indigne de ton eſſence d’employer le langage de l’homme