Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes.
379

À toutes les heures du jour, même de la nuit, les Indiens mâchent des feuilles de bétel, dont l’amertume eſt corrigée par l’areque, qu’elles enveloppent toujours. On y joint conſtamment du chounam, eſpèce de chaux brûlée faite avec des coquilles. Les gens riches y ajoutent ſouvent des parfums, qui flattent leur vanité ou leur ſenſualité. On ne peut ſe séparer avec bienséance pour quelque tems, ſans ſe donner mutuellement du bétel dans une bourſe : c’eſt un préſent de l’amitié, qui ſoulage l’abſence. Il faut avoir la bouche toujours parfumée de bétel, à moins qu’on ne doive ſe préſenter à ſes ſupérieurs. Les femmes galantes font le plus grand uſage du bétel, comme d’un puiſſant attrait pour l’amour. On prend du bétel après les repas ; on mâche du bétel durant les viſites ; on s’offre du bétel en s’abordant, en ſe quittant : toujours du bétel. Si les dents ne s’en trouvent pas bien, l’eſtomac en eſt plus ſain & plus fort. C’eſt, du moins, un préjugé généralement établi aux Indes.

6°. La pêche des perles eſt encore un des revenus de Ceylan. On peut conjecturer, avec vraiſemblance, que cette iſle, qui n’eſt