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des deux Indes.
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d’iſoler les peuples qu’ils avoient civilisés, des nations barbares qui les entouroient, & craignant encore qu’avec le tems ils ne ſe fondiſſent dans la maſſe générale, mirent ces ſignes ſous la ſanction des Dieux. Les Sauvages les ont rendus auſſi permanens qu’il étoit poſſible, par la conſidération qu’ils y ont attachée & par la violence qu’ils ont faite conſtamment, à la nature. Et c’eſt ainſi que le monde brut n’ayant aucun ſyſtême fixe d’éducation, d’aſſociation & de morale, il y ſuppléa par des habitudes univerſelles. Le phyſique du climat fit le reſte. Les enfans de la nature furent ſoumis, ſans s’en douter, à une eſpèce ſingulière d’autorité qui les domina ſans les vexer ; & c’eſt aini que Hottentots prirent les mœurs des pâtres.

Mais ſont-ils heureux, me demanderez-vous ? Et moi je vous demanderai, quel eſt l’homme ſi entêté des avantages de nos ſociétés, ſi étranger à nos peines, qui ne ſoit quelquefois retourné par la pensée au milieu des forêts, & qui n’ait du moins envié le bonheur, l’innocence & le repos de la vie patriarchale ? Eh bien ! cette vie eſt celle de l’Hottentot. Aimez-vous la liberté ? il eſt