Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Histoire philosophique
466

de magnificence ſur lequel on crut devoir monter l’adminiſtration, donna du goût pour les choſes d’éclat. Ce goût corrompit les mœurs ; & la corruption des mœurs rendit égaux tous les moyens d’accumuler des richeſſes. Le mépris même des bienséances fut pouſſé ſi loin, qu’un gouverneur général ſe voyant convaincu d’avoir pouſſé le pillage des finances au-delà de tous les excès, ne craignit point de juſtifier ſa conduite, en montrant un plein-pouvoir ſigné de la compagnie.

Comment eût-on remédié à la conduite des adminiſtrateurs, dont on n’avoit pas prévu le dérangement dans les commencemens de la république, où les mœurs étoient pures & frugales ? Dans ces établiſſemens Hollandois, les loix avoient été faites pour des hommes vertueux : il faut d’autres loix pour d’autres mœurs.

Le déſordre auroit pu être arrêté dans ſon origine, s’il n’avoit dû faire les mêmes progrès en Europe qu’en Aſie. Mais comme un fleuve débordé roule plus de limon qu’il ne groſſit ſes eaux, les vices qu’entraînent les richeſſes, croiſſent encore plus que les richeſſes même. Les places de directeurs confiées