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Histoire philosophique
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& gémit de ſon privilège. La marine de la compagnie eſt commandée par des officiers qui ont tous commencé par être matelots ou mouſſes. Ils ſont pilotes, ils ſont manœuriers : mais ils n’ont pas la première idée des évolutions navales. D’ailleurs, les vices de leur éducation ne leur permettent ni de concevoir l’amour de la gloire, ni de l’inſpirer à l’eſpèce d’hommes qui leur eſt ſoumiſe.

La formation des troupes de terre eſt encore plus mauvaiſe. À la vérité, des ſoldats déſerteurs de toutes les nations de l’Europe, devroient avoir de l’intrépidité : mais ils ſont ſi mal nourris, ſi mal habillés, ſi fatigués par le ſervice, qu’ils n’ont aucune volonté. Leurs officiers, la plupart tirés d’une profeſſion vile, où ils ont gagné de quoi acheter des grades, ne ſont pas faits pour leur communiquer l’eſprit militaire. Le mépris qu’un peuple, qui n’eſt que marchand, a pour des hommes voués par état à une pauvreté forcée, joint à l’éloignement qu’il a pour la guerre, achève de les avilir, de les décourager. À toutes ces cauſes de relâchement, de foibleſſe & d’indiſcipline, on peut en ajouter