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des deux Indes.
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une qui eſt commune aux deux ſervices de terre & de mer.

Il n’exiſte peut-être pas, dans les gouvernemens les moins libres, une manière de ſe procurer des matelots & des ſoldats, moins honnête & plus vicieuſe que celle qui, depuis long-tems, eſt miſe en uſage par la compagnie. Ses agens, auxquels le peuple a donné le nom de vendeurs d’âmes, toujours en activité ſur le territoire, ou même hors des limites de la république, cherchent par-tout des hommes crédules, qu’ils puiſſent déterminer à s’embarquer pour les Indes, ſous l’eſpérance d’une fortune rapide & conſidérable.

Ceux qui ſe laiſſent leurrer par cet appât, ſont enrôlés, & reçoivent deux mois de paie, qu’on livre toujours à leur séducteur. Ils forment un engagement de 300 livres au profit de l’embaucheur, chargé, par cet arrangement, de leur fournir quelques vêtemens, qu’on peut eſtimer le dixième de cette valeur. La dette eſt conſtatée par un billet de la compagnie, qui n’eſt payé que dans le cas où les débiteurs vivent allez long-tems pour que leur ſolde y puiſſe ſuffire.

Une ſociété qui ſe ſoutient malgré ce