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Histoire philosophique
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nement, la liberté : tout eſt ici mon ouvrage. Je jouis de la gloire du paſſé ; & lorſque je porte mes regards ſur l’avenir, je vois avec ſatiſfaction que mes cendres repoſeront tranquillement dans les mêmes lieux où mes pères voyoient ſe former des tempêtes !

Que de motifs pour idolâtrer ſa patrie ! Cependant il n’y a plus de patriotiſme ; il n’y a plus d’eſprit public en Hollande. C’eſt un tout, dont les parties n’ont d’autre rapport entre elles, que la place qu’elles occupent. La baſſeſſe, l’aviliſſement & la mauvaiſe foi, ſont aujourd’hui le partage des vainqueurs de Philippe. Ils trafiquent de leur ſerment comme d’une denrée ; & ils vont devenir le rebut de l’univers, qu’ils avoient étonné par leurs travaux & par leurs vertus.

Hommes indignes du gouvernement où vous vivez, frémiſſez du moins des dangers qui vous environnent ! Avec l’âme des eſclaves, on n’eſt pas loin de la ſervitude. Le feu ſacré de la liberté, ne peut être entretenu que par des mains pures. Vous n’êtes pas dans ces tems d’anarchie, où tous les ſouverains de l’Europe, également contrariés par la nobleſſe de leurs états, ne pouvoient