Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/68

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
46
Histoire philosophique

« Ce pays, dont je viens de vous parler, ou l’iſle Atlantique, étoit gouverné par des ſouverains réunis. Dans une expédition, ils s’emparèrent d’un côté de la Lybie juſqu’à l’Égypte, & de l’autre côté de toutes les contrées juſqu’à la Tirrhénie. Nous fûmes tous eſclaves, & ce furent vos aïeux qui nous remirent en liberté : ils conduiſirent leurs flottes contre les Atlantiſtes, & les défirent. Mais un plus grand malheur les attendoit. Peu de tems après leur iſle fut ſubmergée ; & cette contrée, plus grande que l’Europe & l’Aſie enſemble y diſparut en un clin d’œil ».

Quel ſujet de méditation ! L’homme s’endort ou s’agite ſur un amas de ſables mouvans ; il s’élance, par ſes projets, dans l’éternité ; & un concours de cauſes fatales peut ſe développer dans un inſtant, & l’anéantir lui & ſes ſuperbes demeures.

Ce qui achève de fortifier les deux témoignages qui précèdent, c’eſt que la mer, qui porte aujourd’hui le nom d’Atlantique, eſt reſtée baſſe, & qu’on retrouve, à de grandes diſtances de ſes rives, le varec & les autres