Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/76

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
54
Histoire philosophique

que vers celles des Indes & de l’Orient, par des ramifications élevées comme des digues entre les lits des grands fleuves qui arroſent ces vaſtes régions.

Telle eſt la grande charpente qui ſoutient la plus forte maſſe de l’Aſie. Dans l’intérieur de ce pays immenſe, la terre n’eſt qu’un ſable mobile qui eſt le jouet des vents. On n’y trouve aucun veſtige de pierre calcaire ni de marbre. Il n’y a ni coquilles pétrifiées, ni autres foſſiles. Les mines métalliques y ſont à la ſurface de la terre. Les obſervations du baromètre ſe joignent à tous ces phénomènes, pour démontrer la grande élévation de ce centre de l’Aſie, auquel on a donné, dans les derniers tems, le nom de petite Bucharie.

C’eſt de l’eſpèce de ceinture qui environne cette vaſte & ingrate région, que partent des ſources abondantes & fort multipliées, qui coulent en différens ſens. Ces fleuves, qui charient ſans ceſſe à toutes les extrémités de l’Aſie, des débris d’un terrein ſtérile, forment autant de barrières contre les mers qui pourroient gagner les côtes, & aſſurent à ce continent une conſiſtance, une durée que