Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

important les plus vives inquiétudes à la république. À l’exception de quelques officiers, il n’y a ſur ſes flottes que peu de nationaux. Ses armées ſont composées, recrutées & commandées par des étrangers dévoués à un chef qui ne les armera jamais aſſez tôt à leur gré contre des peuples auxquels nul lien ne les attache. Les fortereſſes de l’état ſont toutes ſoumiſes à des généraux qui ne reconnoiſſent de loix que celles du prince. On ne ceſſe d’élever aux places les plus importantes, des courtiſans perdus de réputation, écrasés de dettes, dénués de toute vertu, & intéreſſés au renverſement de l’ordre établi. C’eſt la protection qui a placé, c’eſt la protection qui maintient dans les colonies, des commandans ſans pudeur & ſans talent, que la reconnoiſſance, que la cupidité inclinent à l’aſſerviſſement de ces contrées éloignées.

Contre tant de dangers, que pourront l’aſſoupiſſement, la ſoif de la richeſſe, le goût des commodités qui commence à s’introduire, l’eſprit de commerce, des condeſcendances perpétuelles pour une autorité