Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/130

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les fabriques, le défaut d’argent pour attirer chez eux les denrées, ne leur ouvroient aucune iſſue pour l’aiſance & l’induſtrie. Au lieu de devenir conquérans, comme tant de circonſtances réunies ſembloient les y porter, ils tirèrent de leur population même un moyen de ſubſiſtance & de richeſſes, une ſource & une matière de commerce.

Le duc de Milan, maître d’un pays riche, qui étoit ouvert à l’invaſion & difficile à défendre, avoit beſoin de ſoldats. Les Suiſſes, comme les voiſins les plus forts, devoient être ſes ennemis, s’ils n’étoient ſes alliés, ou plutôt ſes gardiens. Il s’établit donc entre ce peuple & le Milanès une ſorte de trafic, où la force devint l’échange de la richeſſe. La nation engagea ſucceſſivement des troupes à la France, à l’empereur, au pape, au duc de Savoie, à tous les potentats d’Italie. Elle vendit ſon ſang à des puiſſances éloignées, aux nations les plus ennemies, à la Hollande, à l’Eſpagne, au Portugal ; comme ſi ſes montagnes n’étoient qu’une minière d’armes & de ſoldats, ouverte à quiconque voudroit acheter des inſtrumens de guerre.

Chaque canton traite avec la puiſſance qui