Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/132

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lire dans l’avenir, la ſituation de ce peuple doit être plus permanente que celle de tous les autres, ſi des variétés dans le culte ne deviennent pour lui un inſtrument fatal de diſcorde. Du haut de ſes ſtériles montagnes, il voit gémir ſous l’oppreſſion de la tyrannie, des nations entières que la nature a placées dans les contrées les plus abondantes ; tandis qu’il jouit en paix de ſon travail, de ſa frugalité, de ſa modération, de toutes les vertus qui accompagnent la liberté. Si l’habitude pouvoit émouſſer ſa ſenſibilité pour un ſort ſi doux, il y ſeroit ſans ceſſe ramené par cette foule de voyageurs qui vont chercher dans ſon ſein le ſpectacle d’une félicité qu’on ne voit pas ailleurs. Sans doute que l’amour des richeſſes a un peu altéré cette aimable ſimplicité de mœurs, dans ceux des cantons où les arts & le commerce ont fait des progrès aſſez conſidérables : mais les traits de leur caractère primitif ne ſont pas entièrement effacés ; & il leur reſte toujours une ſorte de bonheur inconnue aux autres hommes. Peut-on craindre qu’une nation puiſſe ſe laſſer d’une pareille exiſtence ? Le poids des impôts ne ſauroit corrompre