Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/137

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autels élevés qu’à l’homme Dieu mort ſur une croix.

Il n’étoit pas difficile de démontrer aux païens l’abſurdité de leur culte ; & dans toutes les diſputes en général, dans celles de religion en particulier, ſi l’on parvient à prouver à ſon adverſaire qu’il ſe trompe, il en conclut auſſi-tôt que vous avez raiſon. La providence, qui tend à ſes fins par toutes ſortes de moyens, voulut que cette mauvaiſe logique conduisît les hommes dans la voie du ſalut. Le fondateur du chriſtianiſme ne s’arrogea aucune autorité, ni ſur les aſſociés de ſa miſſion, ni ſur ſes ſectateurs, ni ſur ſes concitoyens. Il reſpecta l’autorité de Céſar. En ſauvant la vie à la femme adultère, il ſe garda bien d’attaquer la loi qui la condamnoit à mort. Il renvoie deux frères, divisés ſur le partage d’une ſucceſſion, au tribunal civil. Persécuté, il ſouffre la persécution. Au milieu des intolérans, il recommande la tolérance. Vous ne ferez point, dit-il à ſes diſciples, deſcendre le feu du ciel ſur la tête de l’incrédule ; vous ſecouerez la pouſſière de vos ſandales & vous vous éloignerez. Attaché ſur la croix, la tête couronnée d’épines, le côté percé d’une lance, il dit à Dieu ſon père :