Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/18

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irruptions ſucceſſives des barbares qui démembrèrent ce grand corps ; la perte des provinces qui ſe ſoulevèrent ou furent envahies : tous ces maux phyſiques avoient préparé les eſprits à une nouvelle religion, & les révolutions de la politique en devoient amener une dans le culte. On ne voyoit plus dans le Paganiſme vieilli que les fables de ſon enfance, l’ineptie ou la méchanceté de ſes dieux, l’avarice de ſes prêtres, l’infamie & les vices des rois qui ſoutenoient ces dieux & ces prêtres. Alors le peuple qui ne connoiſſoit que des tyrans ſur la terre, chercha ſon aſyle dans le ciel.

Le chriſtianiſme vint le conſoler, & lui apprendre à ſouffrir. Tandis que les vexations & les débauches du trône fappoient le paganiſme avec l’empire, des ſujets opprimés & dépouillés, qui avoient embraſſé les nouveaux dogmes, achevoient cette ruine par l’exemple de toutes les vertus qui accompagnent toujours la ferveur du prosélytiſme.

Mais une religion née dans les calamités publiques, devoit donner à ceux qui la prêchoient beaucoup d’empire ſur les malheureux qui ſe réfugioient dans ſon ſein. Auſſi