Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/258

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avec plaiſir ſon ouvrage, & ne ſe repent pas d’avoir fait l’homme.

Telle eſt l’image du commerce. Admirez ici le génie du négociant. Le même eſprit qu’avoit Newton pour calculer la marche des aſtres, il l’emploie à ſuivre la marche des peuples commerçans qui fécondent la terre. Ses problêmes ſont d’autant plus difficiles à réſoudre, que les conditions n’en ſont pas ſimples, abſtraites & déterminées comme en géométrie : mais dépendent des caprices des hommes & de l’inſtabilité de mille événemens compliqués. Cette juſteſſe de combinaiſons que devoient avoir Cromwel & Richelieu, l’un pour détruire, l’autre pour cimenter le deſpotiſme des rois, il la poſſède, & va plus loin : car il embraſſe les deux mondes dans ſon coup-d’œil, & dirige ſes opérations ſur une infinité de rapports, qu’il n’eſt donné que rarement à l’homme d’état, ou même au philoſophe, de ſaiſir & d’apprécier. Rien ne doit échapper à ſa vue. Il doit prévoir l’influence des ſaiſons, ſur l’abondance, la diſette, la qualité des denrées, ſur le départ ou le retour des vaiſſeaux ; l’influence des affaires politiques ſur celles