Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/316

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Toute nation agricole doit avoir des arts pour employer ſes matières, & doit augmenter ſes productions pour entretenir ſes artiſans. Si elle ne connoiſſoit que les travaux de la terre, ſon induſtrie ſeroit bornée dans ſes cauſes, ſes moyens & ſes effets. Avec peu de déſirs & de beſoins, elle feroit peu d’efforts, elle emploieroit moins de bras, & travailleroit moins de tems. Elle ne ſauroit accroître ni perfectionner la culture. Si cette nation avoit à proportion plus d’arts que de matières, elle tomberoit à la merci des étrangers, qui ruineroient ſes manufactures, en faiſant baiſſer le prix de ſon luxe, & monter le prix de ſa ſubſiſtance. Mais quand un peuple agricole réunit l’induſtrie à la propriété, la culture des productions à l’art de les employer, il a dans lui-même toutes les facultés de ſon exiſtence & de ſa conſervation, tous les germes de ſa grandeur & de ſa proſpérité. C’eſt à ce peuple qu’il eſt donné de pouvoir tout ce qu’il veut, & de vouloir tout ce qu’il peut. Rien n’eſt plus favorable à la liberté, que les arts. Elle eſt leur élément, & ils ſont, par leur nature, coſmopolites. Un habile

artiſte