civile, qui délaſſe des travaux sérieux par des repas, des ſpectacles, des concerts, des entretiens, par toute ſorte de divertiſſemens agréables. L’aiſance donne à toutes les jouiſſances honnêtes un air de liberté qui lie & mêle les conditions. L’occupation ajoute du prix ou du charme aux plaiſirs qui ſont ſa récompenſe. Chaque citoyen, aſſuré de ſa ſubſiſtance par le produit de ſon induſtrie, vaque à toutes les occupations agréables ou pénibles de la vie, avec ce repos de l’âme qui mène au doux ſommeil. Ce n’eſt pas que la cupidité ne faſſe beaucoup de victimes : mais encore moins que la guerre ou que la ſuperſtition, fléaux continuels des peuples oiſifs.
Après la culture des terres, c’eſt donc celle des arts qui convient le plus à l’homme. L’une & l’autre ſont aujourd’hui la force des états policés. Si les arts ont affoibli les hommes, ce ſont donc les peuples foibles qui ſubjuguent les forts : car la balance de l’Europe eſt dans les mains des nations artiſtes.
Depuis que l’Europe eſt couverte de manufactures, l’eſprit & le cœur humain ſem-