Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/321

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blent avoir changé de pente. Le déſir des richeſſes eſt né par-tout de l’amour du plaiſir, On ne voit plus de peuple qui conſente à être pauvre, parce que la pauvreté n’eſt plus le rempart de la liberté. Faut-il le dire ? les arts tiennent lieu de vertus ſur la terre. L’induſtrie peut enfanter des vices : mais, du moins, elle bannit ceux de l’oiſiveté, qui ſont mille fois plus dangereux. Les lumières étouffant par degrés toute eſpèce de fanatiſme, tandis qu’on travaille par beſoin ds luxe, on ne s’égorge point par ſuperſtition. Le ſang humain, du-moins, n’eſt jamais versé ſans une apparence d’intérêt ; & peut-être la guerre ne moiſſonne-t-elle que ces hommes violens & féroces qui, dans tous les états, naiſſent ennemis & perturbateurs de l’ordre, ſans autre talent, ſans autre inſtinct que celui de détruire. Les arts contiennent cet eſprit de diſſenſion, en aſſujettiſſant l’homme à des travaux aſſidus & réglés. Ils donnent à toutes les conditions des moyens & des eſpérances de jouir, même aux plus baſſes une ſorte de conſidération & d’importance, par l’utilité qu’elles rapportent. Tel ouvrier, à l’âge de