Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/326

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aux arts par ſa vanité, qui le porte à la parure. Une autre nation moins vive a moins de goût pour les choſes frivoles, & n’aime pas à changer de mode. Plus mélancolique, elle a plus de pente aux débauches de la table, à l’ivrognerie qui la délivre de ſes ennemis. L’une de ces nations doit mieux réuſſir que ſa rivale dans les arts de décoration : elle doit primer ſur elle chez tous les autres peuples qui recherchent les mêmes arts.

Après la nature, c’eſt le gouvernement qui fait proſpérer les fabriques. Si l’induſtrie favoriſe la liberté nationale, à ſon tour la liberté doit favoriſer l’induſtrie. Les privilèges excluſifs ſont les ennemis des arts & du commerce, que la concurrence ſeule peut encourager. C’eſt encore une eſpèce de monopole que le droit d’apprentiſſage & le prix des maîtriſes. Cette ſorte de privilège qui favoriſe les corps de métiers, c’eſt-à-dire, de petites communautés aux dépens de la grande, eſt nuiſible à l’état. En ôtant aux gens du peuple la liberté de choiſir la profeſſion qui leur convient, on remplit toutes les profeſſions de mauvais ouvriers.