Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/352

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au commerce, parce que la ſituation actuelle de l’Europe eſt favorable au commerce, & que le commerce eſt lui-même favorable à la population.

Mais on demandera ſi la grande population eſt utile au bonheur du genre-humain ? Queſtion oiſeuſe. Il ne s’agit pas en effet de multiplier les hommes pour les rendre heureux : mais il ſuffit de les rendre heureux pour qu’ils ſe multiplient. Tous les moyens qui concourent à la proſpérité d’un état, aboutiſſent d’eux-mêmes à la propagation de ſes citoyens. Un légiſlateur qui ne voudroit peupler que pour avoir des ſoldats, avoir des ſujets que pour ſoumettre ſes voiſins, ſeroit un monſtre ennemi de la nature humaine, puiſqu’il ne créeroit que pour détruire. Mais celui qui, comme Solon, feroit éclore une république, dont les eſſaims iſolent peupler les côtes déſertes de la mer ; celui qui, comme Penn, ordonneroit la cultivation de ſa colonie, & lui défendroit la guerre, celui-là, ſans doute, ſeroit un dieu ſur la terre. Quand même il ne jouiroit pas de l’immortalité de ſon nom, il vivroit heureux & mourroit content, ſur-tout s’il