Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/353

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvoit ſe promettre de laiſſer des loix aſſez ſages pour garantir à jamais les peuples de la vexation des impôts.

X. Impôts.

Sur ce que nous connoiſſons de l’état des ſauvages, il eſt à préſumer que l’avantage de n’être point aſſujettis par les entraves de nos ridicules vêtemens, la clôture inſalubre de nos ſuperbes édifices, & la tyrannie compliquée de nos uſages, de nos loix & de nos mœurs, n’eſt point la compenſation d’une vie précaire & des meurtriſſures, des combats journaliers pour un coin de forêt, une caverne, un arc, une flèche, un fruit, un poiſſon, un oiſeau, un quadrupède, la peau d’une bête, ou la poſſeſſion d’une femme. Que la miſanthropie exagère, tant qu’il lui plaira, les vices de nos cités, elle ne réuſſira pas à nous dégoûter de ces conventions expreſſes ou tacites, & de ces vertus artificielles qui font la sécurité & le charme de nos ſociétés.

Sans doute, il y a parmi nous des aſſaſſins ; il y a des violateurs d’aſyle ; il y a des monſtres que l’avidité, l’indigence & la pareſſe révoltent contre l’ordre ſocial. Il y a d’autres monſtres plus déteſtables peut--