Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

être qui, poſſeſſeurs d’une abondance qui ſuffiroit à deux ou trois mille familles, ne ſont occupés que d’en accroître la misère. Je n’en bénirai pas moins la force publique qui garantit le plus ordinairement ma perſonne & mes propriétés, au moyen des contributions qu’elle me fait payer.

L’impôt peut être défini le ſacrifice d’une partie de la propriété pour la défenſe & la conſervation de l’autre. Il ſuit de-là qu’il ne doit y avoir d’impôt ni chez les peuples eſclaves, ni chez les peuples ſauvages ; parce que les uns n’ont plus de propriété, & que les autres n’en ont pas encore.

Mais lorſqu’une nation jouit d’une propriété qui mérite d’être gardée ; que ſa fortune eſt aſſez fixe, aſſez conſidérable pour exiger des dépenſes de gouvernement ; qu’elle a des poſſeſſions, un commerce, des richeſſes capables de tenter la cupidité de ſes voiſins, pauvres ou ambitieux : alors, pour garantir ſes frontières ou ſes provinces, pour protéger ſa navigation & maintenir ſa police, il lui faut des forces & un revenu. Il eſt juſte & indiſpenſable que les citoyens occupés de quelque manière que ce ſoit au