Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/423

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chafauds, de ſupplices, de martyrs, de bourreaux.

Que devinrent les arts, condamnés à effaroucher continuellement l’imagination par des ſpectacles de ſang, de mort & d’enfer ? Hideux comme leurs modèles ; féroces comme les princes & les pontifes qui les employoient ; bas & rampans comme les adorateurs de leurs ouvrages, ils épouvantèrent les enfans dès le berceau ; ils aggravèrent les horreurs du tombeau par une perſpective éternelle d’ombres effrayantes ; ils attriſtèrent la face de la terre.

Enfin le tems vint de diminuer ces échafaudages de la religion, de la police ſociale ; & c’eſt la Grèce qui nous l’apprit.

Cette contrée eſt aujourd’hui barbare & très-barbare. Elle gémit dans les fers & dans l’ignorance. Son climat & des ruines ſont ce qui lui reſte. Nul veſtige d’urbanité, d’émulation, d’induſtrie. Plus d’entrepriſes pour le bien public, plus d’activité pour les productions du génie, plus de ferveur pour la reſtauration des arts, plus de zèle pour le recouvrement de la liberté. On ne ſonge ni à la gloire de Thémiſtocle & d’Alcibiade,