Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v10.djvu/458

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nérale, ne devoit donc pas être cherchée au milieu d’opinions contradictoires & paſſagères. Si les miniſtres de la religion ont paru penſer autrement, c’eſt que par leur ſyſtême, ils devenoient les maîtres de régler toutes les actions des hommes ; ils diſpoſoient de toutes les fortunes, de toutes les volontés ; ils s’aſſuroient au nom du ciel, le gouvernement arbitraire de la terre. Leur empire étoit ſi abſolu, qu’ils étoient parvenus à établir une morale barbare, qui mettoit les ſeuls plaiſirs qui faſſent ſupporter la vie au rang des plus grands forfaits ; une morale abjecte qui impoſoit l’obligation de ſe plaire dans l’humiliation & dans l’opprobre ; une morale extravagante qui menaçoit des mêmes ſupplices, & les foibleſſes de l’amour & les actions les plus atroces ; une morale ſuperſtitieuſe qui enjoignoit d’égorger ſans pitié tout ce qui s’écartoit des opinions dominantes ; une morale puérile qui fondoit les devoirs les plus eſſentiels ſur des contes également dégoutans & ridicules ; une morale intéreſſée qui n’admettoit de vertus que celles qui étoient utiles au ſacerdoce, ni de crimes,