Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/113

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vit, en 1748, un exemple frappant de cette odieuſe jalouſie.

M. le baron de Knyphauſen conduiſoit le comptoir Hollandois de Baſſora, avec un ſuccès extraordinaire. Les Anglois ſe voyoient à la veille de perdre la ſupériorité qu’ils avoient acquiſe dans cette place, ainſi que dans la plupart des échelles de l’Inde. La crainte d’un événement, qui devoit également bleſſer leurs intérêts & leur vanité, les rendit injuſtes. Ils animèrent le gouvernement Turc contre une induſtrie qui lui étoit utile, & firent ordonner la confiſcation des marchandiſes & des richeſſes de leur rival.

Le facteur Hollandois, qui, ſous les occupations d’un marchand, cachoit l’âme d’un homme d’état, prend ſur le champ ſon parti en homme de génie. Il ſe retire avec ſes gens, & les débris de ſa fortune, à la petite iſle de Karek, ſituée à quinze lieues de l’embouchure du fleuve ; il s’y fortifie au point, qu’en arrêtant les bâtimens Arabes & Indiens, chargés pour la ville, il force le gouvernement à le dédommager des pertes qu’on lui a causées. Bientôt la réputation de ſon intégrité, de ſa capacité, attire à ſon iſle les