Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/128

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
114
Histoire philosophique

Auteur original, ſon admirateur & ſon ami, ce fut Eliza qui t’inſpira tes ouvrages, & qui t’en dicta les pages les plus touchantes. Heureux Stern, tu n’es plus, & moi je ſuis reſté. Je t’ai pleuré avec Eliza ; tu la pleurerois avec moi ; & ſi le ciel eût voulu que vous m’euſſiez ſurvécu tous les deux, tu m’aurois pleuré avec elle.

Les hommes diſoient qu’aucune femme n’avoit autant de grâces qu’Eliza. Les femmes le diſoient auſſi. Tous louoient ſa candeur ; tous louoient ſa ſenſibilité ; tous ambitionnoient l’honneur de la connoître. L’envie n’attaqua point un mérite qui s’ignoroit.

Anjinga, c’eſt à l’influence de ton heureux climat qu’elle devoit, ſans doute, cet accord preſqu’incompatible de volupté & de décence qui accompagnoit toute ſa perſonne & qui ſe mêloit à tous ſes mouvemens. Le ſtatuaire, qui auroit eu à repréſenter la Volupté, l’auroit priſe pour modèle. Elle en auroit également ſervi à celui qui auroit eu à peindre la Pudeur. Cette âme inconnue dans nos contrées, le ciel ſombre & nébuleux de l’Angleterre n’avoit pu l’éteindre. Quelque choſe que fit Eliza, un charme