Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/139

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culture, & croît naturellement dans les lieux couverts de la cendre des plantes qu’on a brûlées.

Le gingembre reſſemble aſſez au cardamome par la diſpoſition & la ſtructure de ſes fleurs. L’épi part du même point. La racine, qui eſt noueuſe & traçante, pouſſe pluſieurs tiges de trois pieds de haut, dont les feuilles ſont plus étroites. Elle eſt blanche, tendre & d’un goût preſqu’auſſi piquant que le poivre. Les Indiens en mettent dans le riz qui fait leur nourriture ordinaire, pour en corriger l’inſipidité naturelle. Cette épicerie, mêlée avec d’autre, donne aux mets qu’elle aſſaiſonne un goût fort qui déplaît ſouverainement aux étrangers. Cependant ceux des Européens qui arrivent en Aſie ſans fortune, ſont forcés de s’y accoutumer. Les autres s’y habituent par complaiſance pour leurs femmes, nées la plupart dans le pays. Là, comme ailleurs, il eſt plus facile aux hommes de prendre les goûts & les foibles des femmes, que de les en guérir. Peut-être auſſi que le climat exige cette manière de vivre. Le meilleur gingembre eſt celui qu’on cultive dans le Malabar. La ſeconde qualité ſe tire du