Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/16

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furent ſucceſſivement fréquentées par les Phéniciens, par les Carthaginois, & par les Gaulois. Les négocians de ces nations y alloient échanger des vaſes de terre, du ſel, toutes ſortes d’inſtrumens de fer & de cuivre, contre des peaux, des eſclaves, des chiens de chaſſe & de combat, ſurtout contre de l’étain. L’utilité étoit la meſure des choſes échangées. On portoit à ces peuples ſauvages des choſes auxquelles ils mettoient, avec raiſon, plus d’importance qu’à celles qu’ils offroient. Il ne faut accuſer, ni les uns d’ignorance, ni les autres de mauvaiſe foi. En quelque contrée de l’univers que vous alliez, vous y trouverez l’homme auſſi fin que vous ; & il ne vous donnera jamais que ce qu’il eſtime le moins pour ce qu’il eſtime le plus.

À ne conſulter qu’une ſpéculation vague, on ſeroit porté à penſer que les Inſulaires ont été les premiers hommes policés. Rien n’empriſonne les habitans du continent : ils peuvent en même-tems aller chercher au loin leur ſubſiſtance, & s’éloigner des combats. Dans les iſles, la guerre & les maux d’une ſociété trop reſſerrée, devroient amener plus vite la néceſſité des loix &