Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/23

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les choſes comeſtibles, de la laine, du ſalaire des ouvriers, des étoffes, des vêtemens. Des mauvaiſes combinaiſons firent même ajouter des entraves au commerce. Le prêt à intérêt & les bénéfices du change, furent sévèrement proſcrits, comme uſuraires, ou comme propres à introduire l’uſure. On ignoroit que l’argent, repréſentant de tout, eſt réciproquement repréſenté par toutes les choſes vénales ; que c’eſt une denrée qu’il faut abandonner à elle-même comme les autres ; qu’à chaque inſtant, elle doit hauſſer & baiſſer de prix par mille incidens divers ; que toute police ſur ce point ne peut qu’être abſurde & nuiſible ; qu’un des moyens de multiplier les uſuriers, c’eſt de défendre l’uſure, cette défenſe devenant un privilège excluſif pour quiconque oſe braver l’ignominie ; qu’une ordonnance eſt ridicule toutes les fois qu’il y a des voies certaines pour l’éluder ; que la concurrence générale qui naîtroit d’une liberté illimitée de commercer l’argent, en réduiroit néceſſairement l’intérêt ; que les emprunts ruineux auxquels on veut remédier, ſeroient moins fréquens, l’emprunteur n’ayant qu’à payer le prix de