Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/24

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l’argent emprunté : au lieu que dans l’état actuel il faut y ajouter le prix que l’uſurier met à ſa conſcience, à ſon honneur & au péril d’une action illicite ; prix d’autant plus fort que le nombre des uſuriers eſt plus rare, & la loi prohibitive plus rigoureuſement obſervée.

Par le même eſprit d’aveuglement, il fut défendu à la même époque d’exporter l’argent, ſous quelque forme qu’il pût être ; & pour que les marchands étrangers ne puſſent pas l’emporter clandeſtinement, on les obligea à convertir en marchandiſes Angloiſes, le produit entier des marchandiſes qu’ils avoient introduites en Angleterre. La ſortie des chevaux fut prohibée. On n’étoit pas aſſez éclairé, pour voir que cette prohibition feroit négliger d’en multiplier, d’en perfectionner l’eſpèce. Enfin, on établit dans toutes les villes des corporations ; c’eſt-à-dire, que l’état autoriſa tous ceux qui ſuivoient une même profeſſion, à faire les réglemens qu’ils jugeroient utiles à leur conſervation, à leur proſpérité excluſive. La nation gémit encore d’un arrangement ſi contraire à l’induſtrie univerſelle, & qui réduit tout à une eſpèce de monopole.