Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/339

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importances ; & un Mogol ſe décidoit preſque toujours par le conſeil de ſon harem. Celles de ſes épouſes qui n’avoient point d’enfans, ſortoient aſſez ſouvent pour viſiter les parens de leur ſexe. Les autres auroient pu jouir de la même liberté, ſi elles n’avoient préféré l’honneur de leurs fils, ſingulièrement attaché à l’opinion qu’on a de la ſageſſe de leurs mères. Elles les élevoient elles-mêmes avec beaucoup de ſoin & de tendreſſe, & ne s’en séparoient jamais, pas même lorſqu’ils quittaient la maiſon paternelle.

Si la magnificence & les commodités pouvoient remplacer l’amour, les harems auroient été les demeures les plus délicieuſes. Tout ce qui pouvoit procurer des ſenſations agréables, étoit prodigué dans ces retraites impénétrables pour des hommes. L’orgueil des Mogols avoit même réglé que les femmes qui y ſeraient admiſes en viſite, recevraient la première fois des préſens très-riches ; & toujours un accueil accompagné des voluptés propres à ces climats. Les Européennes, dont la familiarité avec l’autre ſexe choquoit les préjugés Aſiatiques, & que, pour cette raiſon, on croyoit d’une tribu très-inférieure,