eurent rarement la liberté de pénétrer dans cette eſpèce de ſanctuaire. Une d’elles, fort connue en Angleterre par ſes talens, par ſes grâces & par ſon eſprit d’obſervation, fut diſtinguée des autres. Les préférences qu’on accordoit à madame Draper la mirent à portée de tout voir, de tout examiner. Elle ne trouva pas à ces malheureuſes créatures, qui vivoient empriſonnées, cet air dédaigneux ou embarraſſé, que le peu de développement de leurs facultés auroit pu leur donner. Leurs manières lui parurent franches & aiſées. Quelque choſe de naïf & de touchant diſtinguoit leur converſation.
Quoique les autres nations, établies à Surate, n’outrâſſent pas, comme les Mogols, tous les genres de volupté, elles ne laiſſoient pas d’avoir des jouiſſances dans une ville où les édifices publics manquoient généralement de goût & de ſymétrie. Les maiſons particulières n’avoient, à la vérité, aucune apparence : mais on voyoit dans toutes celles des hommes riches, des jardins remplis des plus belles fleurs ; des ſouterreins pratiqués contre les chaleurs étouffantes d’une partie de l’année ; des ſallons ou jailliſſoient, dans