Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/34

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qu’une poſſeſſion troublée. Celle qui émane de la juſtice finit par tout envahir. L’empire de la force eſt regardé comme un fléau, l’empire de la vertu comme une bénédiction ; & je ne me perſuaderai jamais qu’il ſoit indifférent de s’annoncer aux nations étrangères, ou comme des eſprits infernaux, ou comme des intelligences céleſtes.

Le projet de faire des établiſſemens ſolides & de tenter des conquêtes, paroiſſoit au-deſſus des forces d’une ſociété naiſſante ; mais elle ſe flatta qu’elle ſeroit protégée, parce qu’elle ſe croyoit utile. Ses eſpérances furent trompées. Elle ne put rien obtenir de Jacques I, prince foible, infecté de la fauſſe philoſophie de ſon ſiècle, bel-eſprit, ſubtil & pédant, plus fait pour être à la tête d’une univerſité que d’un empire. La compagnie, par ſon activité, par ſa persévérance, par le bon choix de ſes officiers & de ſes facteurs, ſuppléa au ſecours que lui refuſoit ſon ſouverain. Elle bâtit des fort ; elle fonda des colonies aux iſles de Java, de Pouleron, d’Amboine & de Banda. Elle partagea ainſi avec les Hollandois, le commerce des épiceries, qui ſera toujours le