puiſſance même, opprime du fond de ſon sérail par ſes caprices, ou laiſſe opprimer par ſon indolence les peuples qui lui ſont ſoumis. À Siam, il n’y a que des eſclaves & point de ſujets. Les hommes y ſont divisés en trois claſſes. Ceux de la première compoſent la garde du monarque, cultivent ſes terres, travaillent aux ateliers de ſon palais. La ſeconde eſt deſtinée aux travaux publics, à la défenſe de l’état. Les derniers ſervent les magiſtrats, les miniſtres, les premiers officiers du royaume. Jamais un Siamois n’eſt élevé à un emploi diſtingué, qu’on ne lui donne un certain nombre de gens de corvée. Ainſi les gages des grandes places ſont bien payés à la cour de Siam ; parce que ce n’eſt pas en argent, mais en hommes qui ne coûtent rien au prince. Ces malheureux ſont inſcrits dès l’âge de ſeize ans dans des regiſtres. À la première ſommation, chacun doit ſe rendre au poſte qui lui eſt aſſigné, ſous peine d’être mis aux fers, ou condamné à la baſtonnade.
Dans un pays où les hommes doivent ſix mois de leur travail au gouvernement ſans être payés ni nourris, & travaillent les autres ſix mois pour gagner de quoi vivre toute