Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/361

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l’année : dans un ſol pays, la tyrannie doit s’étendre des perſonnes aux terres. Il n’y a point de propriété. Les fruits délicieux, qui ſont la richeſſe des jardins du monarque & des grands, ne croiſſent pas impunément chez les particuliers. Si les ſoldats envoyés pour la viſite des vergers, y trouvent quelque arbre dont les productions ſoient précieuſes, ils ne manquent jamais de le marquer pour la table du deſpote ou de ſes miniſtres. Le propriétaire en devient le gardien ; & quand le tems de cueillir les fruits eſt arrivé, il en eſt reſponſable, ſous des peines ou des traitemens ſévères.

C’eſt peu que les hommes y ſoient eſclaves de l’homme, ils le ſont même des bêtes. Le roi de Siam entretient un grand nombre d’éléphans. Ceux de ſon palais ſont traités avec des honneurs & des ſoins extraordinaires. Les moins diſtingués ont quinze eſclaves à leur ſervice, continuellement occupés à leur couper de l’herbe, des bananes, des cannes à ſucre. Ces animaux qui ne ſont d’aucune utilité réelle, flattent tellement l’orgueil du prince, qu’il meſure plutôt ſa puiſſance ſur leur nombre, que ſur celui de ſes provinces.