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Histoire philosophique

clarée pour lui. Quelques meſures qu’eût priſes la nation pour ſortir de l’état de criſe, où les diſſipations du règne précédent l’avoient précipitée, on n’auroit pu lui rien imputer. Philippe ſe prêtoit ſans effort à cet expédient. Malheureuſement, les perfides confidens qui avoient uſurpé trop d’empire ſur ſes pensées, réprouvèrent un projet où leurs intérêts particuliers ne ſe trouvoient pas. Il fut abandonné.

Alors, quelques grands, révoltés du deſpotiſme ſous lequel gémiſſoit la France, & ne voyant point de jour à l’ébranler, eurent l’idée d’une banqueroute entière, qu’ils croyoient propre à tempérer l’excès du pouvoir abſolu. La manière, dont ils la concevoient, étoit ſingulière.

Dans leur plan, la couronne n’eſt pas élective, elle n’eſt pas héréditaire. C’eſt un fideicommis, fait par la nation entière à une maiſon, pour en jouir de mâle en mâle, d’aîné en aîné, tant que la famille exiſtera. D’après ce principe, un roi de France ne tient rien de celui auquel il ſuccède. Il arrive, à ſon tour, au trône, en vertu du droit que lui donne ſa naiſſance, & nullement par repréſentation.