Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/46

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fixoient le prix ; & s’ils lui permettoient d’en tirer quelquefois du lieu de la fabrication, c’étoit toujours ſur leurs vaiſſeaux, & en exigeant un fret & des droits énormes. Cette tyrannie révolta le grand Abbas, qui, inſtruit du reſſentiment des Anglois, leur propoſa de réunir leurs forces de mer à ſes forces de terre, pour aſſiéger Ormuz. Cette place fut attaquée par les armes combinées des deux nations, & priſe en 1623, après deux mois de combats. Les conquérans s’en partagèrent le butin, qui fut immenſe, & la ruinèrent enſuite de fond en comble.

À trois ou quatre lieues de là, s’offroit ſur le continent le port de Gombroon, qu’on a depuis appelle Bender-Abaſſi. La nature ne paroiſſoit pas l’avoir deſtiné à être habité. Il eſt ſitué au pied de montagnes exceſſivement élevées. On y reſpire un air embrâsé. Des vapeurs mortelles s’élèvent continuellement des entrailles de la terre. Les campagnes ſont noires & arides, comme ſi le feu les avoit brûlées. Malgré ces inconvéniens, l’avantage qu’avoit Bender-Abaſſi d’être placé à l’entrée du golfe, le fit choiſir par le monarque Perſan, pour ſervir d’entrepôt au grand com-