Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/47

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merce qu’il ſe propoſait de faire aux Indes. Les Anglois furent aſſociés à ce projet. On leur accorda une exemption perpétuelle de tous les droits, & la moitié du produit des douanes, à condition qu’ils entretiendroient, au moins, deux vaiſſeaux de guerre dans le golfe. Cette précaution parut indiſpenſable, pour rendre vain le reſſentiment des Portugais, dont la haîne étoit encore redoutable.

Dès ce moment Bender-Abaſſi, qui n’avoit été juſqu’alors qu’un vil hameau de pêcheurs, devint une ville floriſſante. Les Anglais y portoient les épiceries, le poivre, le ſucre, des marchés de l’Orient ; le fer, le plomb & les draps, des ports de l’Europe. Le bénéfice qu’ils faiſoient ſur ces marchandiſes, étoit groſſi par un fret exceſſivement cher, que leur payoient les Arméniens, qui reſtoient encore en poſſeſſion de la plus riche branche du commerce des Indes.

Ces négocians avoient entrepris depuis long-tems le trafic des toiles. Ils n’avoient été ſupplantés, ni par les Portugais, qui n’étoient occupés que de pillage, ni par les Hollandois, dont les épiceries avoient fixé toute l’attention. On pouvoit craindre,