d’ailleurs, de ne pouvoir ſoutenir la concurrence d’un peuple, également riche, induſtrieux, actif, économe. Les Arméniens faiſoient alors ce qu’ils ont toujours fait depuis. Ils paſſoient aux Indes ; ils y achetoient du coton ; ils le diſtribuoient aux fileuſes ; ils faiſoient fabriquer des toiles ſous leurs yeux ; ils les portoient à Bender-Abaſſi, d’où elles paſſoient à Iſpahan. De-là, elles ſe diſtribuoient dans les différentes provinces de l’empire, dans les états du grand-ſeigneur, & juſqu’en Europe, où l’on contracta l’habitude de les appeller Perſes ; quoiqu’il ne s’en ſoit jamais fabriqué qu’à la côte de Coromandel. Telle eſt l’influence des noms ſur les opinions, que l’erreur populaire, qui attribue à la Perſe les toiles des Indes, paſſera peut-être, avec le cours des ſiècles, pour une vérité inconteſtable dans l’eſprit des ſavans à venir. Les difficultés inſurmontables que ces ſortes d’erreurs ont jettées dans l’hiſtoire de Pline & des autres anciens, doivent nous rendre infiniment précieux les travaux des ſavans de nos jours, qui recueillent les procédés de la nature & des arts, pour les tranſmettre à la poſtérité.