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Histoire philosophique

d’accorder à une poſſeſſion de cette importance ?

Les gens de mer penſent généralement que c’eſt aux forces navales ſeules à procurer la sûreté de l’iſle de France : mais, de leur aveu, elles ne pourront remplir leur deſtination que lorſqu’on les aura miſes à l’abri des ouragans ſi fréquens & ſi terribles dans ces parages, depuis le mois de décembre juſqu’à celui d’avril. Il a péri, en effet, un ſi grand nombre de navires marchands, & des eſcadres entières ont eu ſi fort à ſouffrir, même dans le Port-Louis, le ſeul où abordent maintenant les navigateurs, qu’on ne ſauroit trop tôt travailler à ſe garantir de ces effroyables cataſtrophes. Le gouvernement s’occupa peu pendant long-tems d’un objet ſi intéreſſant. Il s’eſt enfin déterminé à faire creuſer dans cette rade un aſſez grand baſſin, avec l’eſpoir conſolant que les bâtimens de toute grandeur y trouveront quelque jour un aſyle sûr.

Cette opération ne ſauroit être pouſſée trop vivement ; mais en la ſuppoſant exécutée avec tout le bonheur poſſible, les forces maritimes ne ſuffiront pas encore à la dé-