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Histoire philosophique

compris qu’il y auroit une infinité de poſitions à fortifier ; que les dépenſes ſeraient ſans bornes ; qu’il faudrait de trop nombreuſes troupes ; & que leur diſperſion laiſſeroit chaque point expoſé à l’événement d’un débarquement ſurpris ou bruſqué.

L’idée d’une guerre de chicane n’a pas été jugée plus heureuſe. Jamais l’iſle de France ne réunira aſſez de troupes pour réſiſter, malgré l’avantage des poſtes, à celles que l’ennemi y pourra porter. Les défenſeurs de cette opinion ont voulu faire valoir l’aſſiſtance des colons & des eſclaves : mais on les a réduits enfin à convenir que ce concours qui pouvoit être de quelque utilité derrière de bons remparts, devoit être compté pour rien ou pour peu de choſe en raſe campagne.

Le projet d’une ville bâtie & fortifiée dans l’intérieur des terres a eu long-tems des partiſans. Cet établiſſement leur paroiſſoit propre à éloigner l’aſſaillant du centre de la colonie, & à le forcer, avec le tems, de renoncer à ſes premiers avantages. Ils refuſoient de voir que ſans aucun mouvement de la part d’un ennemi, devenu maître des ports