leur fortune que d’exercices militaires. On doit donc préſumer qu’une nation belliqueuſe ſaiſiroit rapidement l’occaſion de réparer ſes anciens déſaſtres. À la vue de ſes drapeaux, tous les ſouverains opprimés ſe mettroient en campagne ; & les dominateurs de l’Inde, entourés d’ennemis, attaqués à la fois au Nord & au Midi, par mer & par terre, ſuccomberoient néceſſairement.
XXXIII. Principes que doivent ſuivre les François dans l’Inde, s’ils parviennent à y rétablir leur conſidération & leur puiſſance.
Alors les François, regardés comme les libérateurs de l’Indoſtan, ſortiront de l’état d’humiliation auquel leur mauvaiſe conduite les avoit réduits. Ils deviendront l’idole des princes & des peuples de l’Aſie, ſi la révolution qu’ils auront procurée devient pour eux une leçon de modération. Leur commerce ſera étendu & floriſſant, tout le tems qu’ils ſauront être juſtes. Mais cette proſpérité finiroit par des cataſtrophes, ſi une ambition démeſurée les pouſſoit à piller, à ravager, à opprimer. Ils auroient à leur tour le ſort des inſensés, des cruels rivaux qu’ils auraient abaiſſés.
Conquérir ou ſpolier avec violence, c’eſt la même choſe. Le ſpoliateur & l’homme violent ſont toujours odieux.