Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/565

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Peut-être eſt-il vrai qu’on n’acquiert pas rapidement de grandes richeſſes, ſans commettre de grandes injuſtices : mais il ne l’eſt pas moins que l’homme injuſte ſe fait haïr ; mais il eſt incertain que la richeſſe qu’il acquiert le dédommage de la haine qu’il encourt.

Il n’y a pas une ſeule nation qui ne ſoit jaloufe de la proſpérité d’une autre nation. Pourquoi faut-il que cette jalouſie ſe perpétue, malgré l’expérience de ſes funeſtes ſuites ?

Il n’y a qu’un moyen légitime de l’emporter ſur ſes concurrens : c’eſt la douceur dans le régime ; la fidélité dans les engagemens ; la qualité ſupérieure dans les marchandiſes, & la modération dans le gain. À quoi bon en employer d’autres qui nuiſent plus à la longue qu’ils ne ſervent dans le moment ?

Que le commerçant ſoit humain, qu’il ſoit juſte ; & s’il a des poſſeſſions, qu’elles ne ſoient point uſurpées. L’uſurpation ne ſe concilie point avec une jouiſſance tranquille.

Uſer de politique ou tromper adroitement ; c’eſt la même choſe. Qu’en réſulte-t-il ? Une