Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v2.djvu/61

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rigides dans leurs ſpéculations, conſentoient qu’on fit le commerce des Indes ; mais ils ſoutenoient qu’il devoit être ouvert à toute la nation. Un privilège excluſif leur paroiſſoit un attentat manifeſte contre la liberté. Selon eux, les peuples n’avoient établi un gouvernement, qu’en vue de procurer le bien général ; & l’on y portoit atteinte en immolant, par d’odieux monopoles, l’intérêt public à des intérêts privés. Ils fortifioient ce principe fécond & inconteſtable, par une expérience aſſez récente. Durant la rébellion, diſoient-ils, les marchands particuliers, qui s’étoient emparés des mers d’Aſie, y portèrent le double des marchandiſes nationales qu’on demandoit auparavant, & ils ſe trouvèrent en état de donner les marchandiſes en retour, à un prix aſſez bas pour ſupplanter les Hollandois dans tous les marchés de l’Europe. Mais ces républicains habiles, certains de leur perte, ſi les Anglois conduiſoient plus long-tems les affaires ſur les principes d’une liberté entière, firent inſinuer à Cromwel, par quelques perſonnes qu’ils avoient gagnées, de former une compagnie excluſive. Ils furent ſecondés dans